
Par : Stéphanie Béland, candidate au poste de conseillère municipale à Mirabel
La place qu’occupent les femmes en politique municipale au Québec est certes plus grande qu’elle ne l’a jamais été mais il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup de barrières à franchir. Et ce qui nous freine à faire le saut en politique n’est peut-être pas ce que nous aurions tendance à croire à priori. Ou du moins, ces barrières ne sont plus tout à fait les mêmes aujourd’hui.
Comme vous le saviez, Mouvement citoyen Mirabel a multiplié ses efforts pour recruter des femmes au sein de son équipe.
Nous rappelions d’ailleurs, dans un article paru sur notre site en avril dernier, qu’aux termes de l’élection municipale générale de 2017, on ne comptait que 18,9 % de femmes à la mairie et seulement 34,5 % aux postes de conseillères municipales.
La représentation féminine totale au sein des conseils municipaux n’a d’ailleurs qu’augmenté à 32,3 %, soit 2,4 points de pourcentage par rapport à 2013.1
Viser la parité est aujourd’hui sans aucun doute un objectif incontournable pour tout parti politique. À ce jour, un peu plus de 30 % des conseils municipaux sont composés de façon paritaire.*
La parité au MCM
Je suis fière de rappeler que nous avons gagné notre pari et comptons des femmes extraordinaires au sein de notre équipe. Je vous invite d’ailleurs à consulter les profils de Julie Trépanier, femme d’affaires ambitieuse aux multiples projets, Émilie Derganc, kinésiologue, aussi en affaires, qui possède un excellent bagage universitaire, Michèle Robitaille, à la fois propriétaire d’une ferme d’élevage et conseillère pour un réseau de franchisés, sans oublier notre jeune candidate dynamique et fonceuse, future avocate, Catherine Maréchal !

Plafond de verre et barrières
Mais pourquoi donc est-il, encore aujourd’hui, aussi difficile d’atteindre la parité dans la composition des conseils municipaux ? Difficile d’accuser le manque de volonté des dirigeantes et dirigeants de partis puisque les différentes organisations politiques semblent toutes déployer systématiquement de grands efforts en ce sens. Être mère de famille ne semble pas non plus être un frein aussi important à l’implications politique qu’il n’a pu l’être par le passé.
Si le plafond de verre est aujourd’hui quasi absent et que les femmes sont bien accueillies au sein des partis, quelles sont donc les barrières actuelles limitant l’implication politique des femmes ?
Confiance en soi
En juillet dernier, je me suis jointe à 18 autres aspirantes candidates aux élections municipales dans la région en participant à SimulACTIONS, une activité organisée par le Réseau des femmes des Laurentides (RFL) en partenariat avec le Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) qui nous a notamment permis d’expérimenter une séance de conseil municipal et de comité plénier.

Ce que je retiens essentiellement de cette expérience, suite aux différents témoignages entendus ou discussions que j’ai pu avoir, est sans contredit ce sentiment de doute que la très grande majorité des femmes peuvent parfois ressentir, à différents degrés. Pourtant, les femmes extraordinaires avec qui j’ai eu le privilège d’échanger sont assurément très compétentes.
Sommes-nous toutes parfaitement à l’aise de prendre la parole en public ? Pas nécessairement. Avons-nous toutes un diplôme universitaire de troisième cycle en poche ? Certainement pas. Si nous cumulons des expériences variées, avons les compétences et les qualités nécessaires, sommes à l’écoute tout en ayant la détermination de bien représenter la population citoyenne, pour quelle raison ne ferions-nous pas le saut ?
Le mot-clé #Jemefaisconfiance choisi pour l’édition de cette année tombe à point nommé. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour remercier toutes ces femmes inspirantes rencontrées lors de ma participation à SimulACTIONS et je tiens à souligner tout particulièrement la volonté de rassembler et l’excellent travail de Gaëtane Corriveau, politicologue et formatrice, GFPD, ainsi que Vicky Langlais, chargée de projet, RFL. J’ai par ailleurs grandement apprécié la présentation de Geneviève Cauden, directrice au Service du génie de la Ville de Mirabel. Son témoignage, à titre de femme cadre, m’a grandement inspirée.
Harcèlement en ligne
Plusieurs d’entre vous ont certainement noté que certaines femmes élues au municipal ont jeté la serviette cette année et décidé de ne pas se représenter aux prochaines élections. Une des raisons souvent évoquée a été la grande difficulté sinon la détresse vécue par le harcèlement en ligne incessant. Ce phénomène, grave et loin d’être négligeable, n’est pas nouveau mais semble s’être exacerbé au cours des dernières années.
Les élues femmes sont plus à risque de recevoir des propos haineux en ligne que les hommes. Ce problème a d’ailleurs été reconnu par l’Assemblée nationale il y a un peu plus d’un an, en novembre 2019, dans le cadre de l’adoption d’une motion visant à ce que l’Assemblée « reconnaisse que la cyberintimidation prend une forme particulière lorsqu’elle est dirigée vers les femmes en s’attaquant notamment à leur intégrité physique » et qu’elle « reconnaisse que l’hostilité envers les femmes freine leur engagement politique ».
Selon les statistiques de l’ONU, 73 % des femmes qui utilisent Internet ont déjà été confrontées, d’une manière ou d’une autre, à des violences en ligne ou en ont été victimes.2
Se fixer de nouveaux objectifs
Suite à cette réflexion, en plus de viser la composition paritaire des conseils municipaux, je souhaiterais donc proposer qu’on se fixe collectivement deux objectifs supplémentaires :
- Que les femmes puissent avoir davantage confiance en elles ainsi qu’en leurs compétences et se départissent une bonne fois pour toutes du « syndrome de l’imposteur »
- Que des mesures concrètes soient prises pour que le harcèlement en ligne auprès des femmes cesse, telles que miser davantage sur l’éducation et la sensibilisation tout en donnant un peu plus de mordant à nos lois
Qu’en pensez-vous ? D’après vous, quels seraient les autres freins ou barrières limitant les femmes à se porter candidate en politique ?
* Un conseil municipal composé de façon paritaire compte une proportion de femmes se situant entre 40 % et 60 %.
SOURCES
- Commission Femmes et gouvernance, consulté en août 2021.
- Les violences en ligne : un problème qui a un impact sur les candidatures politiques des femmes, mars 2021.
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